Chroniques

Là où règnent les baleines

Un vrai univers et une plongée dans un imaginaire tendre et riche. Un récit qu’il me faut en partie garder secret pour mieux vous donner l’occasion de tomber sous son charme. Une histoire qui tient tout à la fois du récit d’aventures, du conte initiatique, de la fable ou de la légende. Un merveilleux inclassable dans lequel il vous faut plonger, absolument !  

Roanne crie au scandale quand elle découvre que ses vacances seront celles de « la loose et de la disgrâce ». Il faut dire que vivre exilée sur un caillou et dans un phare en ruines, il y avait meilleur programme pour occuper ses deux mois d’été. Ajoutez le comble de l’horreur, pour cette adolescente un poil mélodramatique : ni électricité, ni réseau internet, ni 4G ! Et pour des vêtements qui ne seraient pas détrempés à l’eau salée … merci également de repasser !

Expatriée chez ce mystérieux oncle qu’elle ne connaît pas et qu’elle prend, en toute logique assez rapidement pour un vampire assassin, notre désopilante héroïne n’en finit donc pas désarçonner ce pauvre oncle Kierzic. Il faut dire que ce personnage est des plus étranges et qu’il n’y met pas vraiment du sien : il déteste la compagnie des humains, garde en permanence une horrible écharpe autour du cou, vit reclus et tousse comme un damné à peine s’est-il éloigné de son caillou ! Décidément, sacrément louche et grognon, le tonton …

Mais ces deux personnages atypiques vont au fil de leurs aventures, s’apprendre l’un l’autre, se découvrir et s’apprivoiser, non sans humour. Roanne, qui ne manque ni d’imagination, ni de répondant exaspère son oncle pour le plus grand bonheur des lecteurs. Et entre deux soupirs et trois odes à l’ennui, ce que Roanne finira par découvrir, c’est le secret de son oncle et tout ce qui l’entoure, mais c’est aussi la confiance en soi et la force de l’amitié. Deux destins également scellés par le mystère, les rencontres et les dangers. Un été pour se révéler et trouver sa place dans l’ordre naturel des choses.

Le recours à l’humour, au style indirect libre et l’omniscience du narrateur, nous plonge d’ailleurs avec aisance dans la tête des personnages créant ainsi une connivence, une proximité et un attachement durable et certain. On tisse avec eux des liens et on plonge avec bonheur dans leur incroyable histoire. Le charme opère, ils sont là et on en reste bien longtemps tout habité.   

Côté lecture, c’est une bulle hors du temps, un voyage doux et cotonneux. C’est un récit où l’on se sent bien, un texte doux et enveloppant, tout en étant drôle et bourré de fantaisie. On flotte et on se laisse bercer par un style fluide, tendre, drôle et touchant. On voyage comme en apesanteur, pris.e dans une vraie ambiance et parti.e à la découverte d’un univers qui révèle peu à peu ses mystères.

Une écriture limpide et claire pour un univers dense et profond, l’histoire a du corps et offre de la matière, tandis que les mots font appel aux sens. On voit ce phare décati sur son rocher, on frissonne sous l’eau de pluie glacée, on goûte le sel des embruns. Apaisant, mais rythmé, cette histoire pleine d’aventures et de découvertes est une magnifique expérience. Une bouffée d’air frais qui met sur le devant de la scène des héros et des héroïnes comme on aimerait en croiser plus souvent. Jolan C. Bertrand crée un univers aquatique d’une grande richesse, un monde incroyable, surprenant, délicieusement fantaisiste et imaginatif, qui ne peut que vous enchanter ! 

Assurément un des meilleurs romans de littérature jeunesse que j’ai eu la chance de croiser. Et je ne sais pas vraiment, là où règnent les baleines, mais ce que je sais, c’est que c’est beau, tout simplement ! 

Envie de découvrir d’autres chroniques et d’aller à la rencontre de notre belle littérature jeunesse ? Alors, je vous donne rendez-vous sur mon compte Instagram @labandeabaudelaire ! Au programme des livres, des avis et de quoi alimenter vos coins lecture ! A bientôt. Céline. 

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